Témoignage du mois : La blokchain au service de l'expérience usagers des étudiants
Publication le mer 17/11/2021.
Alors que nous sommes en plein cœur de l’automne, nous vous proposons de mettre le cap au Nord, en direction des Hauts-de-France, pour parler d’enseignement supérieur et de numérique. Nous sommes, en effet, partis à la rencontre de Perrine de Coëtlogon, en charge des enjeux de blockchain et d’open education à l’Université de Lille. Cette Université accueillera en 2022 près de 80 000 étudiants !
Après une formation en droit français et allemand, Perrine a été avocate en fusions et acquisitions avant de rejoindre la sphère publique. Secrétaire générale de l’UNESS.fr (université numérique en santé et sport) puis experte numérique « Europe et International » au sein du ministère en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI), elle a ensuite intégré l’Université de Lille pour travailler sur ces deux thématiques qui lui tiennent particulièrement à cœur.
L’open education vise à donner accès, à tous, à des ressources éducatives de qualité grâce aux outils numériques et au droit d’auteur. Après plusieurs années d’acculturation sur ce sujet, Perrine a été élue membre du conseil d’administration de l’association non gouvernementale « Open Education Global ». L’open education est considérée par l’UNESCO comme un vecteur vertueux de modernisation et d’internationalisation de l’enseignement.
Depuis 2018, Perrine anime par ailleurs un groupe de travail sur les apports des technologies blockchain en contexte éducatif avec le financement du Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, qui l’a amenée à représenter la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) au niveau européen.
La blockchain est une infrastructure informatique de stockage et de transmission d’informations, qui fonctionne sans organe central de contrôle, et qui permet un partage de données sans intermédiaire de manière sécurisée et transparente. Elle permet « l’enregistrement de transactions, le suivi d’actifs et le renforcement de la confiance ». L’Université de Lille, comme de nombreuses universités à l’international, y a vu l’opportunité de travailler sur l’amélioration de la délivrance des diplômes et certificats d’aptitude. Les objectifs de l’utilisation d’une blockchain dans le domaine de l’éducation supérieure sont de moderniser, fiabiliser et simplifier l’émission et le partage d’attestations numériques de réussite au diplôme. Pour répondre à ce défi, 23 agents publics issus de 5 directions se sont mobilisés, avec l’appui de 2 partenaires : le groupement d’intérêt public « Renater » et la société Blockchain Certified Data – « BCdiploma ».
La technologie utilisée facilite et automatise l’émission de certifications, tout en raccourcissant les délais de remise aux étudiants (quelques jours après la décision du jury alors que plusieurs mois sont nécessaires pour l’émission et l’acheminement des diplômes "papier") et en facilitant la vérification pour l’employeur. Cela permet également de mettre à la disposition des usagers un portefeuille de données sécurisées et authentifiées (pour les retrouver à tout moment, sans risque de perte, mais aussi éviter la circulation de faux) tout en délivrant des acquis d’expérience ou de compétences professionnelles complémentaires, grâce à un système d’open badge. Un professeur peut par exemple délivrer un badge à un étudiant afin de certifier de ses compétences relationnelles. Ce badge fait ensuite l’objet d’une vérification par l’entreprise ou un établissement qui accueille l’étudiant. Ils peuvent ainsi « endosser » la compétence. Les étudiants, comme les recruteurs, bénéficient donc d’informations plus complètes, favorisant l’instauration d’une relation de confiance dans les procédures de recrutement.
Partie prenante du « European Blockchain Partnership » pour la DINUM depuis 2018, Perrine partage l’avancée des travaux et réflexions de l’Université de Lille avec ses homologues européens dans l’optique d’une coordination globalisée. Ce projet, particulièrement novateur, bénéficie de financements européens, dans le cadre des réflexions menées sur le partage des données à dimension internationale.
Enfin, cette démarche est réalisée dans le respect des engagements pris lors des Accords de Paris, en s’appuyant sur une technologie la moins énergivore possible et en permettant, à terme, de réduire l’émission de papier ainsi que de nombreux échanges de pièces jointes.
Après une expérimentation (preuve de concept) réussie après le confinement, avec la délivrance de 200 certifications en langue étrangère et des retours très positifs, la démarche a été officiellement lancée à l’Université de Lille avec 14 561 attestations numériques envoyées en octobre 2021.
Des enquêtes de satisfaction seront conduites en 2022 et 2023 pour évaluer la perception des usagers et s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue.